Shoot me again – Fred – 17/01/2012 – link
Il n’aura plus fallu attendre 4 ans pour avoir la suite de JESUS IS MY SON qui semble avoir abandonné la folie des grandeurs du mysticisme en s’attaquant cette fois-ci à la première guerre mondiale, celle de 14-18, une autre folie, qui a tué plus de 10 millions de personnes.
La limpidité du son de JESUS IS MY SON tranche avec l’image boueuse et sale qu’évoque le simple nom de cette guerre des tranchées. Par contre la mélancolie dégagée par 1914-1918 semble interminable. Elle fige le temps et son désespoir. Cette guerre devait être courte, elle s’est éternisée.
Moins expérimental que ces prédécesseurs et plus joué (lentement), ce nouvel album de JESUS IS MY SON prouve la capacité de Duby à revenir à une utilisation de la guitare plus conventionnelle. Par conséquent ce disque est moins dans la recherche d’un son spécifique, bien que précis.
La clarté pour tristesse, pourrait-on dire comme mot d’ordre de ce disque, et cette limpidité déjà évoquée, cette douceur assez fragile, mais aussi cette précision construisent l’humeur de ce disque.
Seul le ressenti est évoqué. Celui de la tristesse, profonde, face à l’horreur de la guerre. Face à l’inutilité de la fierté nationale. Celui de la morosité et de l’amertume d’être vivant parmi les morts.
Celui du chagrin qu’éprouvent tous ceux qui ont laissé une part, parfois très grande, d’eux-mêmes ou de leurs connaissances dans ces trous.
Ce disque aurait pu avoir plusieurs visages. Tout au moins, on aurait pu s’attendre à un disque qui évoquerait de manière différentes, sourde pour les combats, triste pour la mort, heureuse pour l’armistice … , les nombreux moments d’une guerre. Un cliché presque cinématographique que JESUS IS MY SON a voulu éviter, ne voyant, à raison, que grisaille, déprime, tristesse et morosité amère derrière une guerre et ce qui l’entoure. Cette guerre que l’on appelle la Grande Guerre, comme si une guerre pouvait être grande…
Seule la question du choix de la guerre 14-18, reste sans explication musicale au bout de ces 8 titres. Peut-être parce qu’à l’inverse de celle de 40-45 ou de celle du Vietnam, la première guerre mondiale, tournant clé dans « l’art » de la guerre moderne, reste peu évoquée et par conséquent peu emprunte d’images collectives. Plus libre à l’interprétation et plus aisée à emporter l’auditeur.