Ether Real – Fabrice Allard– 29/05/2012 – link
Cumulative Trauma Disorder est un duo belge formé en 2010 par Chris et Fabrice, tous deux marqués par des influences 80s, tendance post-punk, indus et no-wave. Le nom de leur formation correspond à une maladie provoquée par l’accumulation de gestes répétitifs, que l’on retrouve généralement en français sous l’appellation “troubles musculosquelettiques”. C’est aussi la base même de leur travail puisque les neufs titres de cet album ont été composés lors de sessions improvisées lors desquelles les deux hommes appliquaient une gestuelle répétitive, générant autant de Trauma.
L’album est donc composé de 9 pistes de 4 à 7mn chacune, simplement affublées d’un numéro reflétant l’ordre dans lequel elles ont été enregistrées. Le duo possède un ton bien affirmé, sans concession, qui ravira les amateurs de musiques électroniques industrielles. De vieilles machines analogiques sont prises de pulsations qui donnent le tempo, d’autres poussent des cris monstrueux, le tout étant donc par un minimalisme lié à répétition des gestes (Trauma III).
L’ensemble du disque est extrêmement cohérent : mêmes machines et procédé de composition clairement défini permettent de canaliser la création et de garantir une certaine homogénéité. Aussi sur chaque morceau la différence va se faire sur le choix des sonorités, plus ou moins agressives, sur le nombre de strates sonores, et sur le tempo, tantôt créé par des sonorités percussives, tantôt suggéré via l’oscillation de drones nasillards (Trauma V).
Sur le fond, il s’agit du genre de musique qui rappellera le travail de Pan Sonic, avec une électro brute, expérimentale et minimale. Toutefois le duo belge se distingue avec une approche plus punk et industrielle. Si les machines sont bien à l’honneur (Trauma XI, Trauma XII), leurs sonorités lo-fi et rétro transportent clairement l’auditeur 30 ans en arrière.
Mais c’est surtout l’abondance de sonorités métalliques qui confère à ce disque sa connotation industrielle : crissements et coups sur Trauma IV et Trauma V, percussion sur cloche, résonances et larsens (Trauma XIII), allant même jusqu’au bruitisme sur Trauma VI et Trauma XIV avec un jeu de drones et textures puissantes.
Le disque s’achève de manière un peu plus aérée avec un Trauma XV à la forme plus classique : véritable rythmique de chuintements électroniques et mélodie flottante à base de textures grinçantes et saturées, du plus bel effet.